L'UE se précipite pour conclure un accord avec les États-Unis
Bruxelles cherche une alternative à la politique tarifaire de Washington en faisant pression sur Trump. La situation économique, après celle de l’économie et militaire avec la décision de soutenir l’Ukraine, devient périlleuse pour l’UE et sa stabilité.
«Le commissaire européen, Maroš Šefčovič, entame mardi 1er juillet une mission à Washington pour tenter de désamorcer les tensions avec les États-Unis, à quelques jours de l’entrée en vigueur des droits de douane de 50% sur les produits européens», fait savoir Euractiv.
«Le commissaire en fonction depuis le plus longtemps de l'UE fait face à ce qui pourrait être son test le plus difficile alors que le temps presse avant la date limite du 9 juillet», observe le Guardian. «Maroš Šefčovič peut-il maintenant conclure un accord commercial avec Trump?», telle est la question.
«La pression est forte. Trump, qui prétend que l'UE a été formée pour nuire aux États-Unis, a menacé d'imposer des droits de douane de 50% sur les importations du bloc s'il n'y a pas d'accord d'ici le 9 juillet. Avec la date limite qui approche, Šefčovič est de retour à Washington [depuis] mercredi, où il doit tenir des discussions avec ses homologues avant les vacances du jour d'indépendance des États-Unis, le 4 juillet», souligne le quotidien anglais ironisant: «Šefčovič est vu comme un résolveur de problèmes diligent, cherchant à ne pas éclipser son patron, la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen».
Selon, Euractiv, «Maroš Šefčovič a indiqué lundi 30 juin à la presse qu’il comptait rencontrer le représentant américain au Commerce, Jamieson Greer, et le secrétaire américain au Commerce, Howard Lutnick, mercredi et jeudi (2-3 juillet) à Washington». C’est qu’à la fin de la semaine dernière, la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, avait indiqué que Bruxelles étudiait actuellement une proposition américaine récemment transmise dans le cadre des négociations en cours.
«Bien sûr, nous ferons tout notre possible avec mes partenaires américains pour faire avancer ces négociations autant que possible» avant la date limite du 9 juillet, a déclaré le commissaire européen au Commerce, rapporte le site d'information européen axé sur les politiques européennes. Le représentant bruxellois entend exiger une réduction des droits de douane américains sur les produits issus de secteurs clés de l'économie européenne.
Le sursis de 90 jours accordé par le président US, Donald Trump, aux partenaires commerciaux des États-Unis arrive à son terme. L'Union européenne doit, donc, parvenir à un accord avec les États-Unis d'ici le 9 juillet. À défaut, Trump a menacé des droits de douane sur la quasi-totalité des exportations européennes seront portés à 50%. La plupart des produits de l'UE sont déjà soumis à des droits de douane de 10%, les voitures et les pièces détachées automobiles à 25%, et l'acier et l'aluminium à 50%.
L'UE considère les droits de douane américains comme injustifiés et préjudiciables aux deux parties. L'UE tente de travailler en pleine coordination avec ses partenaires américains pour parvenir à un accord car les responsables politiques sont obligés de respecter l'échéance du 9 juillet. C'est pourquoi une délégation technique se rend aux États-Unis. Cependant, comme l'écrit le Financial Times, Bruxelles souhaite la suppression immédiate des droits de douane actuels et cherche à empêcher une nouvelle escalade du conflit commercial avec Washington.
À cet égard, Šefčovič a reçu mandat de son patron, Ursula von der Leyen, pour mener des négociations plus fermes. Il s'efforcera de réduire les droits de douane américains à court et à long terme.
Selon Bloomberg, l'Union européenne est prête à accepter un accord avec les États-Unis prévoyant un tarif douanier universel de 10% sur de nombreux biens exportés par les pays de l'UE. Parallèlement, l'UE souhaite que les États-Unis réduisent les droits de douane sur des produits de secteurs clés tels que les produits pharmaceutiques, l'alcool, les semi-conducteurs et les avions de ligne. Bruxelles insiste également pour que Washington réduise ses droits de douane excessifs sur les voitures, les pièces détachées automobiles, l'acier et l'aluminium.
Selon les interlocuteurs du média financier anglophone, les responsables européens anticipent quatre issues possibles des négociations à Washington. Premièrement, un accord prévoyant une asymétrie acceptable du montant des droits de douane mutuels. Deuxièmement, une proposition américaine déséquilibrée que l'UE ne pourra accepter. Troisièmement, une prolongation du délai de poursuite des négociations. Enfin, si Trump refuse de négocier et augmente les droits de douane, l'UE appliquera très probablement les mesures de rétorsion précédemment préparées contre les États-Unis.
Le Guardian rapporte que l'accord consiste en un vaste ensemble de mesures de rétorsion tarifaire sur les produits américains. Il s'agit de biens facilement achetables dans d'autres pays dont l'interdiction d'importation dans l'UE pourrait nuire politiquement aux États-Unis. La liste noire inclut le soja, cultivé en abondance en Louisiane, État d'origine du président de la Chambre des représentants des États-Unis, Michael Johnson. Les droits de douane de l'UE pourraient également affecter des produits en provenance des États-Unis, d'une valeur pouvant atteindre 13,5 milliards de dollars, notamment le bœuf du Kansas et du Nebraska, les cigarettes de Floride et les produits du bois de Caroline du Nord, de Géorgie et d'Alabama.
L'UE est également prête à imposer des sanctions aux entreprises technologiques américaines, l'excédent commercial des services entre les États-Unis et l'UE s'élevant à 109 milliards d'euros. Cependant, Bruxelles a abandonné son projet d'imposer des droits de douane sur le bourbon américain suite aux pressions exercées par les pays producteurs d'alcool. La France, l'Italie et l'Irlande craignent que leurs industries du vin et de l'alcool ne soient touchées par la menace de Trump d'imposer des contre-droits de douane de 200%.
D'ailleurs, il n'existe pas d'unité au sein de l'UE sur la radicalité que Bruxelles devrait adopter face aux tarifs douaniers américains pour ne pas décourager Washington de faire des compromis. Le chancelier Merz appelle à une issue «rapide» des négociations entre l'UE et les États-Unis.
Après tout, à cause des tarifs douaniers américains, l'Allemagne pourrait perdre 90.000 emplois. Emmanuel Macron estime cette «guerre commerciale» avec les États-Unis est une «aberration» et appelle à la conclusion «rapide» d’un accord, «pas à tout prix» néanmoins. Le président français, Emmanuel Macron, est convaincu que l'accord de Bruxelles sur des relations commerciales inégales avec Washington portera préjudice à la compétitivité à long terme de l'Europe.
L'UE considère toujours les États-Unis comme un partenaire commercial clé et elle est extrêmement intéressée par la conclusion d'un accord commercial avec eux. Parallèlement, Bruxelles rejette les négociations fondées sur la menace, caractéristiques de l'administration Trump. Actuellement, l'incertitude persiste au sein de l'UE concernant l'accord avec Trump.
La dernière proposition de l'administration américaine prévoit un tarif douanier réciproque de 10%. Or, l'UE souhaite réduire ce tarif à près de zéro.
Parallèlement, l'UE étudie des solutions alternatives pour répondre à la politique tarifaire américaine. Ursula von der Leyen vient, selon Euronews, de proposer une réorganisation de l'ordre commercial mondial car selon elle l’OMC ne fonctionne plus: «La présidente de la Commission européenne, Ursula a proposé aux dirigeants de l’UE de lancer d’une initiative européenne pour établir une coopération commerciale structurée avec les pays d’Asie, jetant potentiellement les bases d’une alternative à l’impasse que rencontre l’OMC».
Elle, «a présenté aux dirigeants, différentes options d'accords commerciaux, qualifiant de plus attrayante une coopération plus étroite entre l'UE et les membres du Partenariat transpacifique global et progressiste (PTPGP), un pacte commercial régional regroupant 11 pays bordant le Pacifique et le Royaume-Uni», informe le média international. Ainsi, cette solution stratégique permettrait à l'UE et au PTPGP de prendre en main la transformation du commerce mondial et de commencer à résoudre un autre problème urgent: la réforme de l'Organisation mondiale du commerce (OMC). L’UE veut ainsi faire pression sur Trump et elle croit que Washington ne sera pas automatiquement invité à participer à ce projet.
Philippe Rosenthal
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Source: http://www.observateur-continental.fr/?module=articles&action=view&id=7052